LES BALLETS DE MONTE-CARLO - EYAL – MAILLOT

Sur une musique techno qui sonne comme un compte à rebours, des danseurs et des danseuses se muent en faunes sur demi-pointes et offrent une danse si extrême et viscérale qu’elle en devient intimidante. Les chorégraphies de Sharon Eyal sont réputées pour leur physicalité et leur intensité. C’est à nouveau le cas avec Autodance qui soutire au corps sa moindre parcelle d’énergie et l’essore pour laisser affleurer le mouvement… Un mouvement qui ne dit rien, qui ne raconte rien, qui part des secrets du ventre, creuse l’abdomen, écarte le bassin, raidit les jambes et se décharge sous nos yeux pour dire sa poésie animale.

Calé sur la musique effrénée de John Adams, Vers un pays sage laisse peu de repos aux danseurs. Ce ballet leur lance un défi : se dépasser artistiquement pour venir à bout de ces vingt-huit minutes d’une rare intensité. Si Jean-Christophe Maillot traque les temps morts, c’est pour mieux célébrer la vie, à l’image de son père Jean Maillot qui a brûlé pour elle une quantité d’énergie insolente et dont l’absence a posé à ceux qui lui ont survécu la question suivante : qu’est-ce qui est le mieux ? Vivre en étant prudent et économe ou en étant gourmand et excessif ? Vers un Pays Sage est une ode à la gourmandise de Jean Maillot.